miércoles, 20 de enero de 2016

Chronique d'un été (Paris 1960) (1961)







Titre en espagnol: Crónica de un verano (París 1960)
Mise en scène: Jean Rouch et Edgar Morin
France, 1961, 85 minutes



Le jour se lève et le son des sirènes de nombreuses usines annonce une nouvelle journée. En même temps que l’on voit la foule sortir du métro parisien, une voix off nous prévient que « ce film n’a pas été joué par des acteurs, mais vécu par des hommes et des femmes ». À quoi bon ?

Illico, les auteurs nous répondent personnellement devant la caméra : expérience de cinéma-vérité, cette chronique essaie d’être bâtie sur la question « comment vis-tu ? » Et puis, voilà : caméra à l’épaule, Marceline et une copine sortent dans les rues pour poser aux promeneurs inconnus une question assez simple et assez difficile en même temps : « Monsieur, s’il vous plaît. Êtes-vous heureux ? » Surprise, étonnement, parfois fâcherie… Large éventail de réactions, mais toujours avec la sensation que l’effronterie de la question est au moins gênante pour la plupart.

Un témoin dans la rue sorte de la poche un livre de Descartes

Et ensuite Rouch et Morin continuent l’enquête, avec le témoignage des jeunes anonymes : Angelo, Landry, Mary-Lou, Sophie… Que reste-t-il de leurs craintes plus de cinquante années après ? Bien qu’il n’y ait plus de guerre en Algérie, il faudrait tout simplement changer, ça et là, les problèmes d’autrefois par les inquiétudes qui nous troublent à présent : colonialisme par mondialisation, guerre par terrorisme où Algérie par Syrie. Par contre, l’incertitude liée au travail et à nos économies, hier comme aujourd’hui, n’a pas du tout changé.

Angelo dialogue avec Landry au palier

Sorti en 61, Chronique d'un été (Paris 1960) a obtenu à Cannes le prestigieux prix de la critique. D’autant plus que le prodige de voir naître en temps réel un film dépouillé a ébloui le jury. Particulièrement touchantes sont, à ce sujet, les scènes où Marceline et Mary-Lou avouent à nu leurs angoisses les plus intimes : l’une à cause des expériences vécues dans un camp de concentration ; l’autre, en raison de ses fortes tendances dépressives et même suicides.

De sorte que, malgré l’actuelle tyrannie du cinéma commercial, Chronique d'un été… est resté un film incontournable, avec le charme de son noir et blanc de travail en cours et son génial paradoxe : des confidences aléatoirement dévoilées il y a un demi-siècle à Paris pendant quelques jours de juillet-août peuvent avoir une validité intemporellement universelle.



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